jeudi 25 août 2016

À Rio, Charline Picon n’avait d’yeux que pour l’or !

Nous n’avions d’yeux que pour elle… Ce dimanche 14 août 2016, dans la baie carioca, au bout d’une « medal race » à suspense, la véliplanchiste du team Julbo – fournisseur officiel de l’équipe de France de voile – a décroché la médaille d’or olympique en RS:X. Un graal qui n’a pas d’égal. À son retour en France, après avoir été reçue à l’Élysée et entre deux plateaux TV, Charline Picon nous a accordé un entretien. Confidences d’une exceptionnelle performance, les yeux dans les yeux.

Charline, depuis ta huitième place à Londres en 2012, tu n’as eu d’YEUX que pour l’or olympique. Tu l’as maintenant autour du cou ! Réalises-tu aujourd’hui la portée de ton exploit ?

Charline PICON : "Doucement… J’ai pris conscience, depuis mon arrivée à Paris, que ma victoire a touché plus de gens que je ne le pensais, pas uniquement des fans de voile, mais bien au-delà. Quand on est dans le feu de l’action, on ne se rend pas compte de tout cet engouement. Je n’ai pas encore revu les images de la medal race ni du podium. C’était beaucoup d’émotions. Ça vient récompenser des années d’entraînement. Je suis allée au bout de mon rêve."

D’un ŒIL extérieur, on a l’impression que tu n’as jamais douté…

CP : "Tous les jours je me disais que je devais rester « en vie » pour jouer la gagne lors de la medal race. La semaine a été compliquée, pas comme je l’imaginais. Finalement, nous étions six pour trois médailles. C’était un scénario incroyable. Cinq points de retard avant l’ultime manche, c’était beaucoup. Tout ne dépendait pas de moi, mais j’étais assez sereine à l’idée que certaines puissent craquer. J’étais sous pression aussi, mais mon préparateur mental m’a appris à l’utiliser, pas à l’évacuer. Je me suis nourrie de cette adrénaline pour me transcender. Le dernier bord a été le plus long de toute ma vie ! Sur la ligne d’arrivée, quand j’ai vu la Chinoise derrière, j’ai compris que j’avais gagné. Les nerfs ont lâché."

Sur ta planche, drapée des couleurs bleu blanc rouge, le poing levé, ton REGARD s’est perdu un instant dans le ciel bleu de Rio. Vers qui sont allées tes premières pensées ?

CP : "Mes proches ! Mes parents, mon frère et mon compagnon étaient là, sur la plage, pour m’encourager. Les caméras étaient braquées sur eux. Ils ont vécu un truc de fou et sont passés par toutes les émotions ! J’ai aussi pensé à mon coach, qui a été juste parfait, et à tous ceux qui ont cru en moi et m’ont permis d’en arriver là."

Quelle a été l’importance de la VISION dans ta performance ?

CP : "À Rio, je n’ai pas porté mes lunettes tous les jours, mais quand le vent est assez instable, comme lors de la medal race, et que les zones de pression jouent un rôle prépondérant dans les choix tactiques, j’aime bien avoir mes lunettes avec verres polarisés pour mieux distinguer ces zones à la surface de l’eau. Cela me permet d’aller les chercher plus vite que mes adversaires."

Quelle sera pour toi la plus belle VUE de Rio 2016 ?

CP : "Celle au beau milieu du plan d’eau, avec le Pain de Sucre en toile de fond et le Corcovado qui nous surplombe. C’était un décor magnifique et magique pour cette scène nautique."

Championne d’Europe, du monde, et maintenant olympique ! Tu as tout gagné. A-t-on des chances de te VOIR défendre ton titre à Tokyo en 2020 ?

CP : "C’est difficile de se projeter, car on ne sait pas quel sera le format retenu et quelle planche sera choisie pour les prochains Jeux. Une décision sera prise au niveau du CIO en mars 2017. La planche à voile était menacée après Londres et finalement nous étions là à Rio… Je verrai si le défi me plaît. En tout cas, ce sera un engagement personnel. Je n’irai pas à Tokyo pour faire plaisir aux autres, mais pour me faire plaisir avant tout. Il me faudra beaucoup d’énergie et de motivation pour défendre ce titre qui me tient à cœur. Aujourd’hui, je profite juste de l’instant présent !"