Du grand art, du grand Armel !

Après 74 jours de circumnavigation solitaire, sans escale et sans assistance, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) a remporté ce jeudi 19 janvier le Vendée Globe, la course à la voile la plus extrême !

Un immense exploit réalisé par le skipper Julbo, équipé des lunettes Race 2.0.

Cette victoire, il l’a longtemps dévorée du regard. Deuxième en 2009, deuxième en 2013, Armel Le Cléac’h a cette fois-ci réalisé son rêve. Pour sa troisième participation, à 39 ans, le marin breton inscrit enfin son nom au panthéon de l’Everest des mers. Une juste récompense pour ce skipper talentueux, méticuleux, précis, rapide et inspiré dans sa stratégie. Le fruit aussi d’un vrai travail d’équipe avec son team Banque Populaire, qui a imaginé et construit pour lui un monocoque.

À 16h37 hier aux Sables d’Olonne, Armel Le Cléac’h a coupé la ligne d’arrivée. La point final d’une course haletante et d’un duel au sommet l’ayant opposé au Britannique Alex Thomson (Hugo Boss), beau dauphin ce matin. L’ambassadeur du team nautic Julbo a ainsi bouclé son tour du monde en un temps record : 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes, pulvérisant de près de 4 jours celui établi par François Gabart lors de la précédente édition ! Une performance à couper le souffle, en partie rendue possible par les innovations technologiques et notamment le développement des hydrofoils (appendices de forme courbe créant une force de portance à des allures rapides, permettant au bateau de s’élever au-dessus de l’eau), mais surtout grâce à l’homme !

Cela mérite bien un grand bravo de la part de toutes les équipes Julbo, qui ont œuvré à la conception de ses lunettes Race 2.0, elles aussi à la pointe de la technologie, en matière de protection optique solaire.

Les premiers mots d’Armel Le Cléac’h : « Je réalise que j’ai fait quelque chose d’énorme. Nerveusement c’était dur à vivre parce qu’Alex revenait à chaque fois ! Je me suis fais violence, je suis allé très loin dans mes ressources. Avec mon bateau, on s’est battu jusqu’au bout. Je remercie mon équipe, ma dream team, et tous les gens qui ont cru en moi. Je la voulais tellement cette victoire... Voilà, c’est fait ! C’est un projet de dix ans, dix ans de ma vie. Je suis très heureux. »

RÉCIT D’UNE VICTOIRE.

Comme les 28 autres skippers de l’extrême engagés au départ aux Sables d’Olonne, le 6 novembre dernier, Armel est vite plongé dans le grand bain et ses remous. Les débuts sont pour le moins toniques. Flashé à plus de 32 nœuds (60 km/h) dans le Golfe de Gascogne, le skipper Julbo se positionne rapidement aux avant-postes.

Après une semaine de course, à l’approche du Pot au Noir (zone de convergence intertropicale), les premières options stratégiques se dessinent au sein d’une flotte jusqu’ici groupée. C’est le moment que choisit Alex Thomson pour placer la première banderille et s’emparer des commandes. Le début d’une bataille navale entre Armel et le gallois.

Après avoir dévalé l’océan Atlantique à toute vitesse, les deux leaders atteignent Bonne Espérance fin novembre. Le premier des trois grands caps est la porte d’entrée des mers du sud, des 40es Rugissants et 50es Hurlants... Sous ces latitudes hostiles, les conditions deviennent de plus en plus humides, le froid sévit, la houle grandit, les vagues déferlent sur le pont et les Albatros survolent Banque Populaire VIII, offrant à Armel un véritable ballet aérien.

Quelques jours plus tard, au beau milieu de l’océan Indien, Armel rencontre un autre drôle d’oiseau : un hélicoptère de la Marine Nationale, avec à la clé d’exceptionnelles prises de vue !

Quelques centaines de milles plus loin, le 3 décembre, le skipper Julbo réalise une promesse : être en tête du Vendée Globe pour l’anniversaire de son fils, Edgar. Deux jours plus tard, le papa marin franchit la longitude du Cap Leeuwin, au sud de l’Australie, marque de parcours qui matérialise l’entrée dans l’océan Pacifique.

À l’extérieur du bateau, c’est du costaud ! Et dans ce fort intérieur, Armel, éloigné de toute terre, ressent ses premiers coups de blues. Mais le Grand Sud, réconfortant, lui offre toute sa magie : son ciel bleu azur le jour, ses belles nuits étoilées, le reflet de la lune dans les vagues et ses surfs supersoniques... Pendant ce temps-là, l’écart avec Hugo Boss se creuse, devenant quasi abyssal : plus de 800 milles (près de 1500 km) au moment de franchir le mythique Cap Horn, à l’avant-veille de Noël !

La remontée de l’Atlantique, d’abord confortable à bord, s’avère semée d’embûches et de pièges à déjouer. La fatigue, physique et mentale, se fait sentir. Et le « gap » avec Alex Thomson fond comme neige au soleil, au fur et à mesure que les températures s’élèvent. Autour des tropiques, Armel n’est pas épargné par la météo, favorable au retour de son adversaire. Le Pot au Noir lentement digéré, Armel confie sa faim de victoire et avale les milles nautiques. Ça fume sur l’Atlantique ! À trois jours de l’arrivée, les deux skippers, au coude à coude, affolent les compteurs : plus de 500 milles (plus de 900 km) parcourus en 24 heures...

La dernière « ligne droite » se veut tortueuse. Le dernier bord stressant. Mais jusqu’au bout, avec un œil dans le rétro, « le chacal » contrôle. Dans le money time, sa stratégie paye. Et ce 19 janvier, il décroche finalement le graal ultime. Bien vu !

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