Katie schide & germain grangier : « l’utmb, c’est la course aux survivants… »
Les deux athlètes Julbo, Katie Schide et Germain Grangier partagent leur vie et les sentiers.
Lui a déjà accroché la 6000D et la Maxi-Race à son palmarès alors que la traileuse américaine remportait cette année le 90km du Marathon du Mont Blanc. Entre deux voyages, nous avons pris le temps de faire connaissance avec ce couple atypique.
LES DÉBUTS
Germain : « Je suis né à Grenoble mais j’ai grandi dans la station des Deux Alpes. J’ai donc longtemps pratiqué le ski alpin. J’ai ensuite déménagé dans les Alpes-Maritimes et j’ai débuté le VTT cross-country pour ensuite « basculer » sur la route. J’évoluais en première division amateur au club d’Aix. Une endofibrose m’a obligé à arrêter et j’ai continué mes études en géologie afin d’obtenir mon diplôme d’ingénieur. J’ai commencé à courir à cette époque-là. Et après une heure, j’étais mort ! J’avais la condition physique du vélo mais mon corps n’était pas adapté à la course à pied ! J’ai terminé mes études, j’ai allongé les sorties et les résultats venaient avec. J’ai rencontré la famille Camus (athlètes Julbo) et c’était parti. »
Katie : « Quand j’étais jeune je faisais tous les sports présents à l’école, principalement du hockey sur gazon. C’est éloigné du Trail mais j’en garde la notion de coordination. J’ai joué ensuite à plutôt haut niveau en 2008 lors de ma première année à l’université. Je suis ensuite restée à l’université pendant 4 ans, et j’ai commencé les randonnées, avec beaucoup de travail sur l'aspect technique. C’était vraiment difficile de courir au départ, mais ensuite tu commences à aller de plus en plus vite. Je suis venue à la course à pied par la suite, mais au départ j’avais vraiment un profil de randonneuse. J’ai déménagé en Suisse, j’ai rencontré Germain et j’ai vraiment passé un palier dans mon entrainement.
UNE JOURNÉE TYPE DANS VOTRE VIE
Germain : « Pendant la saison, il nous arrive rarement d’être dix ou quinze jours d’affilée au même endroit. On vit dans le Mercantour au pied du Col de la Bonnette. Il n’y a pas grand monde dans cette vallée, c’est notre zone de décompression. On s’entraîne une à deux fois par jour ensemble. Notre vie est organisée autour du running. Mais on pratique aussi le VTT, le vélo de route et l’hiver du ski de rando. Quand nous sommes à la maison, nous avons tout ce qu’il faut à portée de main. »
KATIE, EST-CE DIFFICILE POUR UNE AMÉRICAINE DE SE FAIRE À LA VIE FRANÇAISE ?
« Le mode de vie français n’est pas difficile. J’aime vraiment le Mercantour. Je dois encore rester un peu en suisse pour finir mon doctorat (une thèse sur l'impact des tremblements de terre et sur les glissements de terrain au Népal), mais je passe quand même pas mal de temps ici, et c’est vraiment joli, calme. L’endroit est vraiment très beau.
Les meilleurs chemins dans le Mercantour ? C’est vraiment très dur de choisir. Je n’ai même pas eu l’occasion de tous les tester.
VOTRE RAPPORT AUX RÉSEAUX SOCIAUX…
Germain : « J’ai conscience que les réseaux sociaux sont un vecteur de communication importants et cela peut vite tourner si l’on aborde des choses sérieuses. Ce n’est pas le bon endroit pour ça. Comme dans la vie de tous les jours, j’essaye d’être décalé dans la gestion de mes réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont un divertissement et un bon moyen de partager ce que l’on fait au quotidien sur un ton léger. »
Katie : « Je pense que c’est cool parce que j’ai plein d’amis aux USA que je ne vois pas très souvent, et quand je poste des trucs, ils peuvent les voir. Quand je suis de retour au pays ils sont en mode « oh j’ai une question à propos de ceci » et je crois qu’ils sont aussi contents de pouvoir voir ce que je fais. Après ici en Europe, je pense que les gens me suivent parce qu’ils sont contents de suivre mon entrainement, de voir des photos des paysages que je poste, ça les inspire pour trouver de nouveaux endroits. C’est chouette que je puisse autant partager mes aventures avec les gens qui ne connaissent pas trop mais aussi les endroits où j’aime courir par exemple. »
VOTRE CASQUETTE D’ORGANISATEUR D’ÉPREUVE
Germain : « La course s’appelle « One and One », il s’agit d’une épreuve qui se court à deux ! Nous avions participé à la Transrockies dans le Colorado. Tu cours pendant une semaine et tu campes le soir. On s’est dit que cela n’existait pas en Europe. On voulait créer ce type d’évènement et ajoutant un côté technique vu que l’on aime bien quand c’est scabreux ! A chaque étape, il a une partie en Via Ferrata. On ne voulait pas proposer une course de plus dans le calendrier, on voulait innover. Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement consommateurs d’évènements, on est plus tolérants avec les organisateurs. La semaine après la course, je ne me suis pas entraîné un seul jour. Je n’ai fait que dormir, c’était plus dur que de courir un Ultra ! »
L’OBJECTIF DE L’UTMB
Germain : « Ce sera notre plus longue course. Je veux finir pour avoir une base sur laquelle je puisse m’appuyer dans les années à venir. Cela reste une course, donc l’esprit de compétition va reprendre le dessus. C’est compliqué d’afficher un objectif que l’on n’a jamais parcouru. Je n’ai jamais dépassé 120 kilomètres en course. L’UTMB, c’est un peu la course aux survivants. Il va falloir se le rentrer dans la tête, accepter d’être parfois très lent mais continuer à avancer. »
Katie : « Je ne sais vraiment pas, mais cela va être plus intéressant que de faire encore une autre course sur la même distance. La compétition est vraiment cool, c’est plus comme un challenge pour moi, voir ce que je peux faire. Quand on fait une plus longue course, c’est un accomplissement beaucoup plus grand à la fin, ce n’est pas juste la compétition. Voir comment tu gères les aléas, voir ce que tu peux faire, c’est ça le but. Je pense que mon but est d’essayer de terminer la course, et d’essayer d’être consciente de ce qui se passe pendant la course pour que dans le futur je puisse apprendre de cette expérience et m’améliorer. Mais aussi retenir du positif d’une telle aventure. »