Andrea Huser, reine des longues distances
© Christophe Boillon
Trail running
mercredi 11 octobre 2017

Andrea Huser, reine des longues distances

D'abord VTTiste puis triathlète, skieuse de temps en temps, Andrea Huser est aujourd'hui une ultra-traileuse à succès. Rencontre avec la suissesse grande favorite de la diagonale des fous qui se tiendra les 19 et 20 octobre prochain à l'île de la Réunion.

Andrea Huser | © Christophe Boillon

© Christophe Boillon


Lorsque l’on voit ce que tu as accompli par le passé (Championnats d’Europe de VTT, triathlon, ski-alpinisme, etc.), on constate que les distances sont devenues de plus en plus importantes. Pourquoi ce changement ?

Andrea Huser : J’en avais assez du multisport et souhaitais achever la compétition à 40 ans. Pour couronner ma carrière, j’ai couru le Swiss Alpine Marathon de Davos, je prends encore du plaisir à enfiler mes chaussures de running et à courir dans les montagnes. C’est là que j’ai découvert les points pour l’UTMB® et j’ai cherché sur Internet pour savoir de quel type de course il s’agissait. J’avais dès lors un nouvel objectif. J’ai eu de la chance lors du tirage au sort du départ. Puis j’ai participé pour la première fois à l’Eiger Ultra Trail et à l’UTMB® en 2014. À partir de ce moment, j’étais bien en selle. La démarche est plus simple que pour le trail. J’enfile mes chaussures et j’y vais. Lorsque je faisais encore du triathlon et certaines courses d’aventure, mes entraînements passaient par la natation, le vélo, le kayak et la course. Je fais maintenant ce que je préfère, je cours, je fais du VTT pour équilibrer et, de temps en temps, du kayak.

Fais-tu encore du vélo et du ski-alpinisme ? Si oui, est-ce pour t’entraîner ou simplement parce que cela te fait plaisir ?

AH : Je fais du VTT pour le plaisir et pour avoir un équilibre par rapport à la course. Je faisais auparavant du ski-alpinisme pour me divertir, mais la compétition a fini par m’attirer aussi. C’est un bon entraînement l’hiver, un mélange d’action et de plaisir. Je viens en plus du monde du ski. Je pratiquais le ski de compétition enfant. Je n’ai donc aucune difficulté avec les descentes, j’aime ça.

Ne t’a-t-on jamais proposé un « contrat professionnel » dans l’une de tes disciplines ?

AH : J’avais comme sponsor Imboden-Bike, un magasin de vélos de Lauterbrunnen, qui finançait aussi mon matériel et de temps en temps les droits d’inscription aux courses. Je reçois par ailleurs une contribution financière annuelle de ma commune de résidence.

Tu accomplis certains parcours vraiment longs, où puises-tu ta motivation pour tenir aussi longtemps ? En pensant à des biscuits après la ligne d’arrivée, à la médaille, à des amis ou à des membres de la famille qui attendent ?

AH : Dans le fait d’accomplir les parcours et de maîtriser la distance, dans la joie d’avoir réussi. Avoir une amie supportrice qui me soutient, c’est toujours très chouette et, bien sûr, motivant.Je me fixe des objectifs à court terme, le plaisir d’admirer la vue suivante, le prochain ravitaillement, etc. Ma plus grande motivation est certainement d’atteindre l’objectif et d’éprouver le bonheur qui en découle.

Il paraît que tu as une autre activité en dehors de la course. Quel métier exerces-tu ?

AH : Je suis infirmière diplômée et travaille en principe à 80 %. Cet été, j’ai fait une pause et n’ai pas travaillé entre avril et novembre. Au mois de novembre, je débute à un nouveau poste dans un centre de réadaptation.

N’as-tu pas envie de devenir professionnelle, de rendre ton tablier et de ne te concentrer que sur les courses ?

AH : Je viens de le faire durant quelques mois, certes davantage pour les voyages et pour répondre à différentes invitations. Je voulais en profiter. Je vais avoir 44 ans, et j’ignore combien de temps encore je pourrai courir des ultra-trails de ce niveau.
Financièrement, il est presque impossible de vivre du trail. On a besoin d’un bon sponsor, on est presque contraint de prendre part aux courses offrant des prix dotés.

Si l’on suit ta logique (d’abord le VTT avec des distances mi-longues, puis le triathlon longue distance, maintenant l’ultra-trail avec des distances ultra-longues)... quelle sera ta prochaine discipline ?

AH : Les courses en déambulateur ;-)
Si je devais un jour mettre un terme à la compétition, j’aimerais faire des circuits en kayak de plusieurs jours. Je courrai sans doute toute ma vie dans les montagnes. Je souhaite également faire plus de courses en haute montagne et du ski de randonnée, pour le plaisir et non plus pour la performance. Tant que cela marche, je continue à courir...

As-tu déjà souffert de blessures sportives ? Si oui, comment les as-tu gérées ? Pour une sportive comme toi, les pauses obligées sont certainement difficiles.

AH : Non, rien de bien méchant. Lorsque je prenais part à des courses de VTT, je me suis brisé une vertèbre et une clavicule. Alors, j’ai tout simplement beaucoup couru. Depuis que je fais du multisport et du trail running, j’ai souvent des problèmes musculaires ou des tendinites, mais quel coureur n’en a pas ? Jamais au point de ne pouvoir rien faire. Si je ne peux pas courir, je fais du VTT ou du ski.

Cette année, tu nous as fait forte impression lors de l’UTMB® avec un retard minimum de seulement 155 secondes sur la première... Chaque année, tu t’approches un peu plus du haut du podium... Est-ce pour toi un objectif de remporter l’UTMB® ou bien tu cours et tu regardes à la fin ce qui en sort ?

AH : Ma foi, logiquement, ce serait lors de la prochaine édition ;-). Je savais que je n’avais aucune chance de victoire aussi longtemps Caroline Chaverot ou Nuria Picas serait présente sur la ligne de départ. J’ai pris le départ dans cet état d’esprit : « race and see what happens ». Comme l’année dernière. Vu la configuration, il peut se passer beaucoup de choses sur une distance aussi longue que l’UTMB. Bien sûr, je me suis fixée le podium comme objectif, mais à mi-saison, j’avais quelques doutes sur mes chances de réussite. J’ai aujourd’hui le même sentiment que l’année dernière : celui d’avoir gagné !

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