Liz Wardley, embarquement pour l’extrême
© Sam Greenfield/Volvo Ocean Race
Voile
lundi 21 mai 2018

Liz Wardley, embarquement pour l’extrême

La Volvo Ocean Race est un mythe de la course au large. En équipage, à bord de bateaux surpuissants, les forçats des océans défient les éléments. La navigatrice australienne Liz Wardley est une habituée de l’épreuve. Immersion contre vents et courants...

Sur un Volvo Ocean 65, tout est millimétré et minuté. Une journée se décompose en six quarts, de quatre heures chacun. Quand une partie de l’équipe est au front, sur le pont, l’autre profite du confort très spartiate du cockpit. « En théorie le quart "off" permet de prendre soin de soi, mais en réalité on est assez sollicité, nuance Liz Wardley. On est régulièrement appelé pour effectuer des réglages ou réaliser une manœuvre. » Manger et dormir sont de bien grands mots à bord d’un tel bateau. Pas de chef cuistot, mais de la nourriture déshydratée, riche en calories pour combler la colossale dépense énergétique des matelots. Pas de gros dodo non plus, mais des micro-siestes, bercé par la houle, harnaché dans une étroite bannette en guise de couchette. « On ne dort jamais très profondément, parce qu’il y a beaucoup de bruit et de mouvements », confie la navigatrice. Chaque impact d’une vague contre la coque crée un fracas assourdissant dans l’habitacle en carbone, véritable caisse de résonnance. Heureusement, la nature est bien faite : « Quand tu es épuisé, à bout de forces, peu importe les conditions tu dors ! » Six heures par jour, rarement une de plus.

 

© Sam Greenfield / Volvo Ocean Race

La vie à 45 degrés rend aussi chaque tâche du quotidien compliquée : boire de l’eau (désalinisée), enfiler son ciré, faire ses besoins dans un seau... « Vivre à bord d’un bateau de la Volvo, c’est un peu comme garder l’équilibre sur une pente verglacée secouée par un tremblement de terre », illustre "Chook". Pour elle comme pour tout marin, l’humidité, le sel et le froid sont les principaux ennemis : « On est souvent trempé, notamment moi qui suis chargée d’effectuer les réglages à l’avant du bateau. Je prends des paquets de mer ! » Balayé par le vent et les embruns, dans une atmosphère glacée lorsqu’on navigue sous les latitudes polaires, les nerfs sont parfois à fleur de peau. Bienvenue en enfer !

 

© Sam Greenfield / Volvo Ocean Race

Face à ces situations extrêmes, la solidarité est le maître-mot du bord. « Un bon équipage est un collectif soudé, où tout le monde tire dans le même sens. Il faut des physiques costauds certes, mais surtout de grands compétiteurs avec un bon état d’esprit. Il y a parfois des tensions, alors il faut savoir se dire les choses droit dans les yeux », assure Liz, consciente de pouvoir compter sur ses équipiers en toute circonstance. « Les émotions se lisent sur nos visages, on ne peut pas se cacher. Quand quelqu’un ne va pas bien, on le soutient. » Vivre des aventures hors du commun, au bout du monde, ça crée des liens. « Sans parler vraiment de famille, on forme avant tout une équipe de professionnels avec un objectif commun : faire avancer le bateau le plus vite possible. » Pour y parvenir, s’il faut être multitâche, chacun connaît son rôle : régleur, tacticien, barreur... Le skipper agit lui comme un chef d’orchestre. Principal décisionnaire, il donne le cap. Il est surtout le garant de la cohésion de groupe. Le secret du succès.

© James Blake/Volvo Ocean Race

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